Noémie Boulanger sous les serres de l’Écopôle s’est occupée des salades
pourpiers.
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Le jeudi matin, lors de la mise en panier des légumes et fruits de
l’Écopôle.
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Dans l’atelier où les légumes sont mis dans les paniers.
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Vue lointaine de l’Écopôle dans son verger.
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Pendant l’hiver, les artichauts sortent de terre.
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Abdelhafid Djelad, ingénieur agronome à l’Écopôle, à Vieille-Église.
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L’Écopôle de Vieille-Église se
développe. Créé il y a près de deux
ans, il est géré par Terre d’Opale* et l’association d’insertion les
Anges Gardins. Il a augmenté son nombre de paniers de fruits et légumes
distribués sur le littoral et consolidé son réseau de producteurs
locaux. Il forme aussi des personnes en réinsertion au maraîchage.
Présentation d’un site au service de l’économie solidaire, des circuits
courts et qui a fait du bien-vivre alimentaire son sacerdoce.
Derrière un petit bois, la ferme Verva apparaît au bout d’un chemin
boueux et crevassé situé au pied de l’échangeur de l’A16, sortie «
Oye-Plage/Audruicq ». Suite au décès du propriétaire, un agriculteur,
l’endroit, sur décision de la communauté de communes de la région
d’Audruicq (CCRA), a été transformé en Écopôle alimentaire en décembre
2012. Terre d’Opale a été choisie pour mettre en place des circuits
courts et travaille avec le soutien des Anges Gardins qui gère le
personnel. Actuellement, l’Écopôle compte dix-huit employés embauchés
en contrat de réinsertion d’une durée de six mois et renouvelable
pendant deux ans. « L’objectif est la réinsertion socioéconomique à
partir du maraîchage biologique. On demande de la polyvalence sur trois
pôles : le maraîchage, les conditions de livraison et l’éducation
alimentaire, détaille Régine Pattyn, encadrante des Anges Gardins,
association qui travaille en partenariat avec la mission locale
d’Audruicq, le plan local d’insertion (PLI). Leur intention n’est pas
forcément de rester dans le secteur du maraîchage. |
On en a beaucoup qui
souhaitent devenir hôtesse de caisse par exemple alors on mettra
l’accent sur la relation avec le client, soigner la présentation ou
expliquer ce qu’est le prix de revient. » L’apprentissage se fait sur le
tas. Depuis la création de l’Écopôle, trente-deux personnes ont été
formées. Et sur les quatorze qui ont terminé leur contrat, huit ont
intégré un emploi ou une formation.
Jeudi, 9 h, jour de livraison. Sous un des anciens corps de ferme,
l’atmosphère est animée. Des cagettes de légumes sont disposées en
ligne sur une table. Les produits sont de saison. Les salariés se
dépêchent de placer un panier devant chacune d’elles, ils les
remplissent et les déposent ensuite dans une camionnette. Trois cents
paniers sont distribués à des particuliers vivant dans le Calaisis, le
Boulonnais à travers une trentaine de points de dépôt (Alhambra,
Channel à Calais).
Objectif : 500 paniers
« Notre objectif est d’arriver rapidement à 500 paniers, indique
François Rambur, responsable de la structuration de la filière
agriculture biologique du Pas-de-Calais chez Terre d’Opale. On compte
sur les paniers qu’on a lancés depuis peu à Lille auprès des structures
d’insertion et des associations étudiantes. » L’Écopôle s’est allié il
y a quelques mois aux Jardins de Cocagne des Hauts de Flandres pour
diffuser des paniers à Dunkerque. Il compte aussi une cinquantaine de
paniers solidaires vendus 2 € au lieu de 9 €. L’Écopôle fournit en
produits des cantines scolaires (collège de l’Europe à Ardres) ou les
restaurants (Les Petites Mains à la Cité de la dentelle et la ferme des
Aigrettes à Marck).
« J’aime travailler la terre »
Pascal Chabe vient de terminer la préparation des paniers. Cet ancien
électricien habite Andres. Faute de permis, il se rend à Vieille-Église
en vélo et travaille à l’Écopôle depuis août. « Je faisais de l’intérim
- du tirage de câble - ça n’embauchait pas. Pour moi, ce n’était pas
gratifiant de continuer. J’aimais jardiner, on m’a parlé de l’Écopôle.
Je touche le revenu de solidarité active (RSA) mais grâce à ce contrat
d’insertion, au lieu de percevoir 400 €, je gagne le double. » Il
apprécie aussi le travail en extérieur, trouve que l’ambiance est bonne
dans l’équipe et se souvient avec plaisir de cet été : « Je nettoyais
les carottes, récoltais le persil, les tomates, beaucoup de légumes
différents. Aujourd’hui, je vais protéger les cultures du gel et
désherber un peu, c’est inhérent à la profession, le désherbage ! »
Cinq hectares de terres sont cultivées en champ et sous serre.
L’Écopôle a un potentiel de onze hectares. Une cinquantaine de variétés
sont traitées. Le site s’est aussi associé à une quinzaine de
producteurs locaux qui lui fournissent les produits qu’il n’a pas.
Noémie Boulanger, 26 ans, habitante de Vieille-Église, arrache sous la
serre des salades pourpiers, une variété locale. Elle est arrivée en
septembre 2012 à l’Écopôle. Après deux contrats en réinsertion de six
mois, elle reste cette fois en contrat d’avenir. « Je suis bien ici,
c’est une opportunité de travailler sans permis. Dehors, je réfléchis,
je pense. J’aime travailler la terre. Là, je sors les pourpiers pour
les mettre dans les paniers, montre-t-elle. Après j’irai préparer la
nouvelle serre. »
L’Écopôle en compte trois désormais. Noémie est ce qu’on appelle une
ambassadrice. Pendant cinq jours, elle a appris auprès de Caroline
Lecomte, encadrante technique et diététicienne, les rudiments du
bien-vivre alimentaire. « On organise des ateliers cuisine sur comment
cuisiner les légumes et faire que ce soit bon, on donne des astuces »,
note cette dernière. Noémie désormais participe à cette transmission du
savoir auprès des publics précaires et des enfants. Lors des portes
ouvertes de l’Écopôle, elle a appris aux visiteurs à cultiver des
jardins au carré prônant le local, le bio, le solidaire.
*Dépendante de la structure sociale et solidaire le Chênelet à
Landrethun-le-Nord, elle gérait là-bas les paniers alimentaires.
L’association s’en est ensuite dissociée.
L’ingénieur Abdelhafid Djelad, chef d’orchestre des cultures bio
« Qu’est-ce que tu fais avec la brouette ? », « Est-ce que tu peux
amener ce légume à la livraison ? » Abdelhafid Djelad, 59 ans, a les
yeux partout, il est un peu le chef d’orchestre de l’Écopôle. Toutes
les semaines, cet ingénieur agronome jette un œil sur les cultures et
doit préparer les sorties de légumes, « on ne peut pas faire de l’à peu
près ». Il prend sa responsabilité très au sérieux. Il est arrivé sur
des terres viétiéglisoises nues. « On a planté courant automne cinq
mille linéaires de haies, on a mené une réflexion sur le type de
production. On a choisi l’agroforesterie : la présence des arbres
apporte aux cultures au niveau de la fertilisation. Grâce aux arbres,
on crée des niches écologiques », détaille cet ancien responsable d’un
laboratoire et du développement d’une entreprise de semences.
Au quotidien, il planifie les cultures de saisonnalité, les suit au
niveau sanitaire, estime les rendements, choisit les graines, détermine
quelle quantité de compost est nécessaire... « J’ai été amené dans ma
vie à diriger une ferme de trois mille hectares en Afrique du Nord. On
nous a formé à être autonome », raconte-t-il.
Abdelhafid Djelad a toujours pris le parti des méthodes alternatives :
« Ici on n’a jamais labouré, on met en place des plans d’assolement et
de rotation. Il y a plusieurs facteurs à maîtriser, les sols, le
climat, c’est la très grande difficulté du maraîchage, ce n’est pas une
science exacte. » Il ajoute qu’il faut beaucoup de technicité dans le
maraîchage par rapport aux productions conventionnelles : « Quand vous
avez une maladie par exemple, nous sommes plus dans le préventif que le
curatif. S’il y a trop de pucerons, on essaie de comprendre pourquoi,
on étudie la bête pour maîtriser le nuisible et non l’éradiquer. »
Abdelhafid Djelad enseigne aux travailleurs de l’Écopôle comment semer,
planter, mettre en place un programme d’arrosage. Il se promène dans le
verger plein de dizaines de variétés, aux côtés du directeur des Anges
Gardins, Dominique Hays, qui se plaît à rêver, regardant vers le
lointain : « Ici, c’est un vrai lieu où tout est possible, où l’on
s’imagine comment on reconstruit, comment faire société à partir de la
question de l’alimentation. »
Un restaurant-cuisine en projet
Avant la fin 2014, l’Écopôle souhaite créer dans un des anciens corps
de ferme une cuisine avec un restaurant qui pourrait accueillir une
trentaine de personnes.
Les légumes pourront aussi être transformés, mis sous-vide ou dans des
bocaux pour faire des soupes, des coulis. Bientôt, une épicerie en
ligne devrait voir le jour, il sera possible d’acheter de la farine, du
chocolat, des denrées non périssables.
L’Écopôle sert aussi à la recherche. La fédération régionale de lutte
contre les organismes nuisibles (FREDON) procède à des essais sur
certaines parcelles de l’Écopôle. « Ils mesurent l’évolution de la
biodiversité et de tous les insectes qui s’y associent, ils font de la
gestion de cas », explique l’ingénieur agronome, Abdelhafid Djelad.
Une recherche du Ceraps
Dans le cadre du projet Alim’ en marche, le centre d’études et de
recherches admnistratives, politiques et sociales (Ceraps) mènera une
recherche sur l’impact des ateliers organisés autour du bien-vivre
alimentaire. Caroline Lecomte qui les anime, rappelle qu’ils servent «
à montrer que les légumes ne sont pas si chers s’ils sont de saison et
locaux. On donne des astuces aux gens à travers des pratiques ludiques
pour qu’ils aient une alimentation saine. Cette recherche du Ceraps
nous permettra de voir ce qui fait mouche dans la vie des gens. On aura
des données scientifiques ».
Prêts à lâcher le supermarché ?
La recherche a démarré en septembre. Des questionnaires seront réalisés
auprès de trois publics : ceux qui vivent dans la précarité, les
étudiants et les jeunes actifs parce que c’est pour eux un moment
charnière où ils changent de comportement alimentaire. « On veut voir
si les gens sont prêts à acheter du bio et s’ils sont prêts à arrêter
le supermarché », conclut Caroline Lecomte.
Se faire une idée des paniers
Un plaisir rural à laver la terre des légumes. C’est une saveur perdue
retrouvée et la découverte de variétés locales méconnues. L’envie de
pratiquer la recette associée au panier, simple et bonne. Chercher son
panier, ce n’est pas loin à pied, les points de dépôts sont assez
nombreux à Calais (à retrouver sur www.terredopale.fr).
Le panier, c’est réapprendre à manger les légumes en saison donc
attendre tout un hiver les tomates ! La constitution des paniers change
d’une semaine à l’autre, on retrouve tout de même des éléments
récurrents comme les pommes ou les salades. Certains peuvent s’en
lasser et d’autres trouveront des idées pour réinventer un plat. Il est
possible de s’abonner en ligne aux paniers sur le site de Terre d’Opale
ou prendre contact avec l’Écopôle, 800 route du Pont d’Oye à
Vieille-Église, au 03 21 34 08 42. Le prix des paniers à la semaine est
de 9 € et 12,50 €. Plus d’informations sur www.horizonalimentaire.fr
CHLOÉ
TISSERAND
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